Tout monument imposant nécessite de reposer sur des fondations denses et de solides piliers.
La littérature...
Tout monument imposant nécessite de reposer sur des fondations denses et de solides piliers.
La littérature populaire, joyau incommensurable de notre culture, n’échappe pas à cette sacro-sainte règle.
Si la soif inextinguible des lecteurs pour les récits en tous genres dont l’unique ambition est de distraire le public fait figure de fondations, les piliers en sont incontestablement les auteurs.
Comme tout édifice, la littérature populaire a pu s’appuyer sur de nombreuses colonnes. Mais celui-ci se serait écroulé sans les contreforts que représentèrent certains écrivains dont la production fut telle qu’elle maintînt à flot, à elle seule, des collections, des éditions, le plaisir des amoureux d’aventures…
Ces noms, il faudrait les citer, les louer et les chérir comme nous le ferions de la Terre, de l’Air, de l’Eau, du Métal et du Feu, ces cinq éléments régissant notre existence, ou de la Vue, de l’Ouïe, de l’Odorat, du Toucher et du Goût, les cinq sens régentant notre corps.
Heureusement, la littérature populaire a eu la chance de pouvoir compter sur bien plus que cinq protecteurs.
Parmi ceux-ci, on citera sans risque : Marcel Priollet, Henry Musnik, Maurice Limat, Jean de la Hire, Rodolphe Bringer, Arnould Galopin…
Mais il ne faudrait pas oublier de mettre en avant un dénommé Henri-Georges JEANNE, plus connu sous le pseudonyme de H.-J. MAGOG.
H.-J. MAGOG est né en 1877 à Laon et mort en 1947 à Paris.
Il laisse derrière lui une immense production qu’il est assez difficile de quantifier tant celle-ci abreuva de multiples canaux de lecture.
Nombre de ses histoires parurent d’abord en feuilleton dans les journaux et magazines – souvent dans plusieurs – avant de revivre, par la suite, en livre.
Mais H.-J. MAGOG ne se contenta pas de formats longs, il écrivit également énormément de contes – plus de 600, rien que pour la chronique « Les 1001 matins » du journal « Le Matin » – de nouvelles, de fascicules…
Ses genres de prédilections ? Tous ! Du moins, tous ceux à la mode durant sa période d’activité : fantastique ; policier ; aventure ; sentimental ; jeunesse…
Pour sa production policière, il créa plusieurs personnages récurrents, dont le détective américain Paddy Wellgone.
Celui-ci vit le jour dès 1912 dans « L’énigme de la malle rouge », un excellent polar publié tout d’abord en feuilleton dans « Le Journal ». Ses qualités indémodables lui ont permis de tenir en haleine les lecteurs pendant des décennies au gré des multiples rééditions dans les journaux et sous forme de livres, sous ce titre ou sous d’autres – par exemple, « Le cadavre du tunnel », en 1932 aux éditions R. Simon et signé Paddy Wellgone, en personne, H.-J. MAGOG s’inscrivant en tant que traducteur de ce dernier, un procédé à la mode dans le monde de la paralittérature. – Plus encore, « L’énigme de la malle rouge » fut traduit en Italie, en Espagne, en Europe de l’Est…
Un autre personnage récurrent de l’auteur fut Guy Charleval, un détective que l’on peut d’autant plus rapprocher de Paddy Wellgone qu’il partagea les mêmes aventures grâce à un procédé permettant aux auteurs de multiplier les textes : créer un roman à partir de plusieurs fascicules. Ce fut le cas au moins deux fois avec Guy Charleval qui dans « Le détective Milliardaire » revécut – en changeant les noms des protagonistes, – pour les éditions R. Simon, quatre enquêtes de Paddy Wellgone parues aux éditions Ferenczi. Il fit cette expérience une seconde fois, en reprenant la « vie » d’alter egos dans « La bande des masques bleus ».
Mais ces multiples éditions et les « supercheries » d’éditeurs ne doivent pas pour autant minimiser la bibliographie de H.-J. MAGOG qui n’est, d’ailleurs, pas signée que de ce seul patronyme.
Car Henri-Georges JEANNE usa de différents pseudonymes pour parapher ses textes : Jean Noal – inspiré très probablement de sa ville de naissance, Laon/Noal, – Jean de la Tardoire, Yves Chorsin, Jacques de Brévalles…
Si son œuvre policière est ici mise en avant par OXYMORON Éditions, – ligne éditoriale oblige, – il ne faut pas oublier que H.-J. MAGOG a surtout marqué et marque encore les lecteurs par ses récits d’anticipation dont « L’homme qui devint gorille » et « Trois ombres sur Paris » sont probablement les meilleurs exemples en la matière.
Dommage que, malgré une bibliographie conséquente, une renommée qui ne s’est pas complètement tarie à l’heure actuelle et le fait qu’il ait été secrétaire général du Syndicat des Romanciers Français en 1927, vice-président de la SGDL (Société des Gens De Lettres) à partir de mars 1928, puis, secrétaire général de la même SGDL et fut promu Officier de la Légion d’Honneur de l’Éducation Nationale en novembre 1936, l’on sache si peu de chose sur l’homme que fut l’auteur.
Encore plus dommage que, bien que sa réputation surpasse à l’heure actuelle celle de la plupart de ses confrères de l’époque, celle-ci ne résonne plus que dans le cœur et dans la tête d’un groupe restreint de lecteurs passionnés de littérature d’antan.
Car le talent et l’imagination dont fit preuve H.-J. MAGOG durant sa carrière sont toujours à même de charmer le lectorat d’aujourd’hui et il serait temps que le grand public redécouvre cet auteur afin que celui-ci retrouve un statut d’écrivain populaire à succès que jamais il n’aurait dû perdre.
Nous ne savons pas si la renommée de H.-J. MAGOG retrouvera de sa superbe et si, tel le phénix, ses textes renaîtront des cendres du passé pour subjuguer les âmes du présent, mais cette collection que nous lui dédions est incontestablement la première pierre posée à l’édification de son retour à la gloire qu’il mérite tant.
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